La stèle aux péris en mer de Syðradalur (Kalsoy, Féroé)
Un soir de juillet 2022, dans le cimetière du petit village de Syðradalur sur l’île de Kalsoy aux Féroé – il ne reste plus là que 7 habitants à s’accrocher, l’exode rural ayant fait son office –, observant et détaillant la stèle commémorative pour les péris en mer, une lumière se fit dans le ciel sur ces douloureuses histoires et vint se poser sur la montagne de l’autre côté du bras de mer, délicatement, quelques minutes.
Illumination du soir sur la falaise de l’île Kunoy, séparée par un fin bras de mer de Kalsoy
Leur bateau vole désormais, et, du ciel, il arrive aux noyés de descendre encore à terre.
Détail du relief de la dalle commémorative de Syðradalur
Des pièces de ferronnerie placées en décoration autour de l’immense phallus pierreux, que d’aucuns appellent élégamment un obélisque, érigé en 1895 à Cherbourg en l’honneur des soldats morts loin de chez eux, loin des leurs, à la conquête des Outre-mers pour l’asservissement des populations locales.
A la base du fût, lapidaire, une inscription en lettres capitales : « à la mémoire des soldats et marins morts aux colonies ».
Disparus pour enrichir marchands de canon et trafiquants de matières premières ; péris inspirant les beaux discours parlementaires prônant l’exemplarité sacrificielle ; et pour une solde dérisoire qu’ils n’ont jamais touchée.
Mais cette gloriole nationaliste n’admet pas un mot pour les autochtones envahis et enrépublicanés, pour les types éventrés à coups de baïonnette par de féroces soldats venus jusque dans leurs bras et leurs veuves ; leurs bâtards au sang impur abreuveront les sillons et creuseront les mines d’une terre éventrée au bénéfice d’une Mère Patrie areconnaissante et servilisatrice. Aux armes !
Ce monument me fout la honte, on a déboulonné des statues pour moins que ça. Un rectificatif s’impose : aux victimes du colonialisme, Indigènes et Exogènes ! Ça leur fait une belle jambe…
CHARABANC - Digressions sur la vie touristique 